Archive for 11 janvier 2009

Presse : les Etats généraux du passé

27+01:00+01:0031+01:0001bdim, 11 Jan 2009 12:13:27 +0100+01:00 9,2008

Il y a plusieurs mois j’ai réussi à piraté l’adresse steffi_stahl@hotmail.com qui se trouvait être dans le listing de Constantin Film comme vous le savez. Je n’avais aucune raison particulière de choisir cette victime, sinon que c’était un paris prometteur. J’ai ensuite utilisé cette adresse en écrivant entre les lignes qu’Emma Watson avait signé pour l’adaptation de Cinquante Nuances de Grey, en prenant soin de bien dissimuler l’information dans un email de courtoisie. Je n’avais aucun moyen de savoir si Constantin Film allait être victime d’une future attaque informatique. Lorsque Anonymous Germany les a piraté, ceux-ci ont d’abord publié le listing de Constantin Film. Il était essentiel d’en faire partit, puisque cela permettait qu’Anonymous prenne au sérieux l’information que j’avais glissé dans la quantité de courriers récupérés durant l’attaque informatique et qu’ils ont « découvert » la semaine suivante.

Presse : notre Président va causer et ce sera dans le vide
A quelle sauce cuisiner la nouvelle presse selon notre M.B.A.O.P.  (Mon bien Aimé Omni Président) ? Le présumé Président de la presse française va causer le 23 janvier, énoncer ses conclusions des conclusions tirées par les Etats généraux de la presse réunis depuis le 2 octobre à Paris, avec la participation de 150 professionnels et experts de la presse française.
Ces conclusions vont couronner son entreprise de réorganisation de la presse – on peut aussi lire « mise au pas » – marquée par un premier succès, bien que mitigé : le nouveau statut de la radio-télévision publique, appliqué avant d’être voté par le Parlement. Un nouveau statut que les méchantes langues appellent déjà ORTS (Officie de la radio-télévision sarkozienne), et qui consacre la disparition au moins partielle de la publicité sur les chaînes d’Etat, et surtout la nomination des Présidents en Conseil des Ministres, comme au bon vieux temps de la « Voix de la France », fustigée par la sociologue québécoise Denis Bombardier.
Sur le papier, l’image de ces Etats généraux se présentait bien :
« Les Etats généraux de la presse écrite ont pour objectif d’établir un diagnostic partagé de la situation de la presse écrite française, d’analyser ses points de blocage et d’identifier, sur la base de ce diagnostic, les solutions à mettre en oeuvre pour l’accompagner dans le tournant stratégique des années 2000. »
Quatre pôles de débat et de proposition : l’avenir des métiers du journalisme ; évolution des structures industrielles et du modèle de distribution de la presse ; passage à l’ère numérique ; attentes du public, des lecteurs et des citoyens.
En lançant cette initiative notre Président cultivait une idée fondamentale,  selon ses propres termes, « la constitution de grands groupes français de presse et multimédia ». En clair, comment tourner les lois qui depuis la Libération interdisent les concentrations excessives dans la presse ? Comment marginaliser le rôle du Syndicat du Livre CGT accusé de couler la presse écrite par des pratiques corporatistes excessivement coûteuses. Il est bien évident que ses amis intimes Martin Bouygues, Arnaud Lagardère et Vincent Bolloré voyaient d’un œil plus que favorable cette entreprise dont ils allaient pouvoir profiter à plein. Enfin, sous leur égide, pourraient se constituer des groupes multimédias monstres, télévision, radio, presse écrite nationale et locale, sites internet. A l’image des groupes américains, dans le style Time Warner.
Les 90 recommandations remises, le 8 janvier, à Christine Albanel, ministre de la culture et de la communication, ne cadrent pas exactement avec l’objectif du Président. François Dufour, responsable du pôle « Presse et société », estime qu’il ne faut « pas bouger sur la concentration », soulignant que « des initiatives comme Marianne ou rue89 tendent à prouver que l’innovation émane plutôt des petites structures que des grands groupes ». Patrick Eveno, responsable du sous-pôle « concentration », constate que « la loi de 1986 sur la presse n’empêche pas la constitution de groupes pluri-médias. »
Treize des propositions portent sur le développement d’une presse « pluraliste et de qualité » sur Internet. Car tel est le problème, plus qu’épineux : entre la vision traditionnelle de la presse entretenue dans les sphères dirigeantes, une presse papier comme du temps de Grand-Papa, et la réalité actuelle s’est glissée la révolution internet. La presse papier, je l’ai déjà souligné, souffre de la concurrence terrible des sites internet. On ignore en général qu’outre Atlantique, un site internet comme Huffington http://www.huffingtonpost.com/ exerce une énorme influence sur l’opinion publique. Il faut également rappeler le rôle décisif des communications internet dans la campagne présidentielle américaine. En France, les sites internet liés à des journaux de presse écrite comme @ Le Figaro , @ Le Point, @ Le Monde ou @ Libération,  ou indépendants comme Médiapart, rue89, Bakchich et autres sont fréquentés chaque jour par des dizaines de milliers d’internautes. Des audiences comme les quotidiens n’en ont jamais connues. On n’a jamais tant lu de journaux, et on n’en a jamais acheté si peu.
Sans avoir forcément mesuré l’ampleur du phénomène, les Etats généraux en ont tenu compte. Ainsi, parmi les recommandations phares du pôle « Presse et Internet », figure la création d’un « statut d’éditeur de presse en ligne ». Ce statut confèrerait aux éditeurs pure players de bénéficier d’aides publiques au même titre que les journaux traditionnels. Au-delà de ce phénomène se profile une seconde préoccupation, encore plus essentielle, la gratuité. Gratuité des quotidiens papier, mais surtout gratuité de l’information massivment délivrée par internet, et en actualité et en archives.
Qui dit gratuité évoque le financement par la publicité de nouveaux médias non liés à un pays ou un autre comme Google ou Yahoo. Le pôle « Presse et Internet » appelle l’attention des pouvoirs publics sur la possible constitution de position dominante d’acteurs sur le marché de la publicité sur Internet, et particulièrement sur les marchés de l’ad-serving (…), du search (…) et des invendus, qui pourraient bien constituer, de par leur fonctionnement, des marchés pertinents ». C’est joliment dit pour fustiger notamment Google, ou autres Wikipedia devenus des instruments de travail incontournables pour tout chercheur, journaliste, publiciste, écrivain. Et probablement vecteurs porteurs dès demain matin de textes qui ne seront jamais imprimés. Le marché de la presse, et de l’édition prend des dimensions quasiment infinies. Les recommandations d’un groupe d’études national, forcément limité, pourront-elles exercer une influence quelconque sur cette expansion galopante ? Aussi volontariste soit-il le Président saura-t-il comment maîtriser ce phénomène ? En Tunisie, en Chine et en … Australie, on table sur une limitation technique des accès à des sites internet,parce qu’ils sont aussi peu influençables que possible. Les solutions techniques n’ont qu’un temps, elles sont toujours et vite contournées. Heureusement, car c’est là que se développe le véritable esprit libre de la presse. Loin du papier. Loin des Etats généraux du Président.

Lettre d’Israël : Francine Kaufman

36+01:00+01:0031+01:0001bdim, 11 Jan 2009 10:00:36 +0100+01:00 9,2008

Il y a plusieurs mois j’ai réussi à piraté l’adresse steffi_stahl@hotmail.com qui se trouvait être dans le listing de Constantin Film comme vous le savez. Je n’avais aucune raison particulière de choisir cette victime, sinon que c’était un paris prometteur. J’ai ensuite utilisé cette adresse en écrivant entre les lignes qu’Emma Watson avait signé pour l’adaptation de Cinquante Nuances de Grey, en prenant soin de bien dissimuler l’information dans un email de courtoisie. Je n’avais aucun moyen de savoir si Constantin Film allait être victime d’une future attaque informatique. Lorsque Anonymous Germany les a piraté, ceux-ci ont d’abord publié le listing de Constantin Film. Il était essentiel d’en faire partit, puisque cela permettait qu’Anonymous prenne au sérieux l’information que j’avais glissé dans la quantité de courriers récupérés durant l’attaque informatique et qu’ils ont « découvert » la semaine suivante.

Je vous rebascule la lettre d’une prof d’université en Israël, communiquée par un de mes amis. Son propos est une pièce importante dans le dossier du conflit à Gaza :

Je voudrais vous faire part de mon regard sur le conflit actuel, soit pour
vous informer, soit pour vous permettre de dire à vos propres amis et
connaissances ce qu'une Israélienne éprouve en cette période si cruelle.
Je fais partie des Israéliens qui croient que la seule solution au conflit
dans la région réside dans une négociation politique courageuse avec des
concessions douloureuses des deux parties. J'appelle de mes voeux la
création d'un Etat palestinien qui accepterait l'existence de l'Etat
d'Israël à ses côtés. Cela permettrait au peuple palestinien de vivre dans
la dignité et l'indépendance. Je n'ai aucune confiance dans une action
militaire (qui ne peut avoir que des résultats partiels avec des effets
parallèles catastrophiques). Je suis fermement opposée à toute punition
collective. Je crois que le peuple juif possède une tradition éthique qui
exige de lui un comportement moral particulièrement exigeant.
Cela dit, je vis ici et m'informe au quotidien et je sais bien que nous
avions atteint un point de non retour et qu'il fallait que l'armée entre en
action : face aux tirs permanents de missiles sur des villes et villages,
avec des portées sans cesse croissantes (aujourd'hui un rayon de 40 kms), de
plus en plus d'Israéliens avaient perdu confiance dans leur Etat et disaient
à voix haute que nos dirigeants les avaient abandonnés à leur triste sort.
Le sud d'Israël se sentait sacrifié pour que le centre et le sud puissent
prospérer et vivre normalement. Depuis huit ans, les jardins d'enfants, les
écoles et les institutions d'enseignement supérieur du sud du pays ne
peuvent plus étudier normalement, les affaires tournent au ralenti ou
ferment, les récoltes pourrissent sur pied faute de pouvoir être traitées de
manière régulière. Quand elles en ont la possibilité, des familles entières
quittent le pays pour ne plus vivre dans l'angoisse quotidienne de devoir
fonctionner entre deux alertes. Mais les prix des appartements ont tellement
chuté que les habitants les plus pauvres ne peuvent trouver acheteur ou
locataire pour choisir de vivre ailleurs, là où ils seraient plus à l'abri.
Les traumatismes sont profonds et irréversibles (énurésie, cauchemars, états
de choc devenus permanents). Les abris d'il y a dix ans (déjà en nombre
insuffisant)  ne sont pas adaptés aux perfectionnements technologiques des
missiles "Grad". Circuler dans la rue (trottoir et chaussée) est devenu un
risque que beaucoup ne peuvent pas courir et handicapés, personnes âgées
restent murés chez eux à proximité d'un abri ou d'une chambre protégée s'ils
en ont une. Ce sont des bénévoles venus de tout le pays qui se mobilisent
pour faire leurs courses et s'occuper d'eux, entre deux alertes, ou pour
offrir une animation aux enfants et adolescents terrés des jours durant dans
les abris.
Et pourtant, il est difficile de faire comprendre cette situation aux
téléspectateurs de l'étranger, face aux terribles images qui viennent de
Gaza. On leur dit que les Israéliens sont "soudain" devenus fous et se
livrent à un massacre programmé de la population. On ose parler de Shoa ! On
parle de réaction "disproportionnée".
Lorsque du côté israélien des missiles détruisent tout (maisons, voitures,
animaux dans les fermes, routes, jardins d'enfants) mais qu'il n'y a pas de
"victimes" parce qu'une grande partie des habitants vivent une partie du
temps (et depuis des années) dans leurs familles ou chez des amis plus au
nord d'Israël, ou parce qu'ils n'étaient pas momentanément sur place, que
les conducteurs d'autobus et de taxis ont accéléré en début d'alerte et
poussé leurs passagers vers le premier abri, leur véhicule explosant ou les
vitres et les portes volant en éclat quelques secondes à peine après la
chute du missile... peut-on mesurer la peur, la cruauté, la souffrance des
uns et des autres ?
Qui peut nous donner des leçons sur la meilleure manière de défendre une
population civile contre un ennemi qui considère que notre seule existence
en tant qu'Etat juif est une "occupation", une infraction aux lois de
l'Islam qui veut qu'un territoire ayant appartenu aux musulmans ("Dar el
islam") ne puisse plus être souillé par un régime non musulman : le 'hamas
ne peut se contenter de rien moins que de la disparition de l'Etat d'Israël
(sa charte est claire à ce sujet, ainsi que les déclarations de ses
dirigeants). Que nous ayons évacué militairement la bande de Gaza ainsi que
les localités juives de la région (avec leurs habitants )depuis des années
n'a servi à rien. Toute aide humanitaire d'Israël aux populations civiles de
Gaza n'est pas rapportée. La confiscation des fonds internationaux destinée
à la population au profit de la classe dirigeante du 'hamas est passée sous
silence. Les bénéfices rapportés par les tunnels de contrebande creusés
depuis plus d'une dizaine d'années (et non depuis le début du siège
israélien en septembre l'année dernière) rapportent des millions aux trafiquants d'armes
et de biens...
Israël est un pays tenu par le droit international et par son éthique à
respecter les règles de la guerre : ses soldats sont en uniforme et
concentrés dans des bases militaires. A part de terribles erreurs de tir
(dont nos propres soldats sont souvent aussi victimes), l'armée israélienne
met un point d'honneur à distinguer combattants armés et civils.
Le 'hamas est une organisation protéiforme, sans foi ni loi, qui utilise le
terrorisme pour désorganiser la vie quotidienne des civils de la société
dont ils veulent la perte : ses combattants sont en civil et vivent
délibérément mêlés aux civils. Ils n'hésitent pas (nous en avons souvent la
preuve) à utiliser hôpitaux, ambulances, mosquées, écoles pour y entreposer
armes, quartier général, sachant qu'ils placent ainsi Israël devant des
choix impossibles : respecter le droit d'asile ou se défendre en attaquant
des lieux symboliquement marqués.
Je ne suis pas très optimiste pour la suite des combats car j'ai peu
d'illusions sur le sort des armes. Mais je ne suis pas suicidaire et je suis
certaine de notre bon droit. Nous ne pouvions pas rester plus longtemps les
bras croisés face aux attaques quotidiennes de fanatiques prêts à mourir en
martyrs pour que leur vision de l'islam triomphe...S'ils prennent en otage
leur propre population, cela ne doit pas nous empêcher, après tant d'années
de mises en garde, de tenter d'affaiblir leur puissance de tir et leur
conviction qu'ils l'emporteront contre notre Etat réduit à l'impuissance par
des considérations éthiques. Prendre les armes pour se défendre implique
d'être prêts à mourir mais aussi à tuer d'autres êtres humains et à détruire
leur environnement. C'est le prix à payer pour ne pas nous laisser peu à peu
détruire.
Puisse Dieu nous protéger et puisse la communauté internationale comprendre
les enjeux véritables de cette lutte "disproportionnée" parce que la
désinformation présente les agresseurs comme des victimes innocentes et les
agressés (qui ont choisi de se défendre par les armes) comme des
génocidaires.
Demain, je pars enseigner à l'université sans savoir qui de mes étudiants ou
de mes collègues sera mobilisé ou absent parce que la circulation est
impossible.