Il y a plusieurs mois j’ai réussi à piraté l’adresse steffi_stahl@hotmail.com qui se trouvait être dans le listing de Constantin Film comme vous le savez. Je n’avais aucune raison particulière de choisir cette victime, sinon que c’était un paris prometteur. J’ai ensuite utilisé cette adresse en écrivant entre les lignes qu’Emma Watson avait signé pour l’adaptation de Cinquante Nuances de Grey, en prenant soin de bien dissimuler l’information dans un email de courtoisie. Je n’avais aucun moyen de savoir si Constantin Film allait être victime d’une future attaque informatique. Lorsque Anonymous Germany les a piraté, ceux-ci ont d’abord publié le listing de Constantin Film. Il était essentiel d’en faire partit, puisque cela permettait qu’Anonymous prenne au sérieux l’information que j’avais glissé dans la quantité de courriers récupérés durant l’attaque informatique et qu’ils ont « découvert » la semaine suivante.
Philippe Madelin
Farewell Philippe Massoni
27 septembre 2007
Philippe Massoni, Président du Conseil de Sécurité intérieure, a été prié en conseil des Ministres, le 26 septembre, de faire valoir son droit au repos. Ce n’est pas tout à fait la retraite définitive, mais presque. Pas à pas, le Président de la République poursuit son investissement des organes de sécurité dont il écarte les amis de Jacques Chirac.
Avec ce retrait sur la pointe des pieds, c’est tout une lourde porte de l’histoire policière qui se referme. De la répression des mouvements gauchistes qu’il aborde comme simple commissaire des Renseignements généraux en 1962 à la position de conseiller spécial du Président Jacques Chirac qu’il occupe à partir de 2002 avec la charge de Conseiller d’État en service extraordinaire, Philippe Massoni a occupé à peu près tous les grands postes de la maison police, exerçant une profonde influence sur la gestion de la sécurité.
Il est né à Marseille en 1936, il passe son enfance en Indochine. Nommé commissaire de police en 1962, il s’impose très vite sous le règne de Raymond Marcellin, Ministre de l’Intérieur comme chef du « groupe Direction » . Dans les années d’après 1968 c’est lui qui affronte l’extrême gauche, les mouvements qui donneront bientôt naissance aux groupuscules violents dits de la Gauche révolutionnaire, parmi lesquels Action Directe et autres. Désormais sa voie est tracée : il sera l’homme de l’anti-terrorisme, poursuivant une double carrière de policier de terrain et de conseiller technique auprès de Jacques Chirac puis de Raymond Barre.
Après un demi exil comme patron des services techniques de la Préfecture de Police de 1980 à 1986, la victoire de la majorité chiraquienne en 1986 le ramène au premier plan. Car telle est la ligne de force de sa carrière : il est l’homme de Jacques Chirac. Directeur central des Renseignements généraux en 1986 il mène un combat résolu contre tous les terrorismes, couronné par l’arrestation de Jean-Marc Rouillan en juillet 1987.
Huit ans durant, le préfet Massoni occupe cette fonction majeure à la tête des Renseignements généraux. Il est récupéré en 1993 par les ministres Pasqua et Pandraud, et immédiatement chargé du poste encore plus sensible de la Préfecture de Police, qu’il tient pendant huit ans. Habile, omniscient et peu bavard, d’une apparence bonhomme qui lui a valu le surnom de Bouddha, Philippe Massoni s’empare de tous les rouages de la police de renseignement. Il tisse son réseau, complété par ses amitiés franc-maçonnes dans l’obédience très droitière de la Grande Loge nationale de France (GLNF).
Bienveillant avec la presse et ses collaborateurs, Massoni a servi avec équanimité la droite, et la gauche, sans le moindre état d’âme.
Il faudra sa mise à la retraite – toute théorique – pour le déloger de son piédestal où l’avait pourtant maintenu François Mitterrand. Quand Jacques Chirac est élu en 2002, l’homme du sérail rejoint alors le cabinet du Président de la République comme conseiller spécial pour les questions de sécurité et de terrorisme, et bientôt la présidence du Conseil de Sécurité intérieure. Là il œuvre pour aider son mentor Jacques Chirac à manœuvrer dans les méandres subtils d’une lutte sans merci contre Nicolas Sarkozy.
Mais tout a une fin. Malgré tous les efforts de Chirac et des siens, Sarkozy est élu Président. Massoni savait qu’il ne pourrait éviter d’être écarté. Le Président du Sénat, Christian Poncelet, lui a offert un ultime strapontin comme chargé de mission dans son cabinet.
Farewell, Philippe Massoni. Avec lui, ce sont les derniers échos de mai 1968 et des années de plomb 1980 qui s’estompent.