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Coordinateur Bajolet

50+01:00+01:0031+01:0008bmer, 20 Août 2008 11:29:50 +0100+01:00 9,2008

Il y a plusieurs mois j’ai réussi à piraté l’adresse steffi_stahl@hotmail.com qui se trouvait être dans le listing de Constantin Film comme vous le savez. Je n’avais aucune raison particulière de choisir cette victime, sinon que c’était un paris prometteur. J’ai ensuite utilisé cette adresse en écrivant entre les lignes qu’Emma Watson avait signé pour l’adaptation de Cinquante Nuances de Grey, en prenant soin de bien dissimuler l’information dans un email de courtoisie. Je n’avais aucun moyen de savoir si Constantin Film allait être victime d’une future attaque informatique. Lorsque Anonymous Germany les a piraté, ceux-ci ont d’abord publié le listing de Constantin Film. Il était essentiel d’en faire partit, puisque cela permettait qu’Anonymous prenne au sérieux l’information que j’avais glissé dans la quantité de courriers récupérés durant l’attaque informatique et qu’ils ont « découvert » la semaine suivante.

Renseignement : Bernard Bajolet, l’expert, Claude Guéant le vrai patron

C’est la dernière touche à la réorganisation des missions de renseignement en France : la responsabilité principale passe du Premier ministre au Président de la République. La lettre de mission qui confirme l’ambassadeur Bernard Bajolet dans sa fonction de coordinateur fondamental entre les services secrets couronne le travail de refonte radicale entrepris par le Préfet Claude Guéant dès son arrivée à l’Elysée comme Secrétaire général de la Présidence.
Il n’a sûrement jamais oublié l’avertissement lancé naguère par un des interlocuteurs : si vous laissez prospérer les rivalités entre services secrets, ils n’auront bientôt plus aucun poids, ni en France ni à l’extérieur. Donc Guéant veut en finir avec les rivalités entre agents secrets français
Avant hier, le coordinateur était un simple conseiller du Ministre de la Défense – en la personne du général Rondot déjà retraité -, puis du Premier ministre, notamment au travers du Secrétariat général de la Défense nationale. La modestie de ces postes en disait long sur l’estime du pouvoir à l’égard du Renseignement stratégique.
Hier, première révolution, la fusion de la DST et des RG, au sein de la DCRI (Direction Centrale du  renseignement intérieur), avec à la clé une nouvelle définition du Secret Défense.
Aujourd’hui, dans la foulée du Livre Blanc sur la Défense, le Président de la République prend donc tout en main, il bouscule sans ménagement les structures. Un conseil national du renseignement placé auprès du Président, complété par un conseil national de défense et de la sécurité, avec l’appui d’un Secrétariat général de la Défense nationale relooké, permettra au Président de prendre toutes ses décisions en connaissance de cause.
Assisté d’une équipe très réduite, le Coordinateur devra veiller à la bonne harmonie entre les quelques 13 000 fonctionnaires émargeant dans tous les deux dizaines de services de renseignement, civils, militaires et même financiers, ce qui est tout à fait nouveau. Verra-t-on à terme se réduire le nombre de services secrets qui dépassaient la vingtaine ?
La personnalité du Coordinateur nous indique dans quel sens son travail sera orienté : Enarque, arabisant, titulaire de nombreux postes dans le monde islamique (Damas, Bagdad, Amman, Algérie jusqu’à cet été ) Bajolet est aussi et avant tout un ambassadeur. Le Quai d’Orsay garde donc la haute main sur les services, au détriment du Premier ministre, de l’Intérieur et de la Défense. Bajolet est réputé pour son franc parler, pour son ardeur dans les missions difficiles : durant la crise des otages d’Irak, quand les journalistes Chesnot et Malbrunot ont été enlevés non loin de Bagdad, Bajolet n’a pas lésiné sur son temps pour renouer les fils avec les ravisseurs.
Son activisme peut même laisser présager des frictions avec ses partenaires : il sera tenu de près par Jean-David Levitte, le « sherpa » du Président chargé des affaires étrangère. Mais surtout par le Préfet Claude Guéant lequel apparaît désormais comme le vrai patron du renseignement français. Quand il dirigeait le cabinet de Nicolas Sarkozy, alors ministre de l’Intérieur, il s’était passionné pour la questions. Aujourd’hui à l’Elysée il dispose des outils indispensables pour que le Renseignement sous toutes ses formes devienne une composante majeure des moyens d’action désormais concentrés entre les mains du Président.

@ Le Monde- 04082008

En stage « d’immersion », en ce moment, dans les services, le « coordonnateur du renseignement »  français, Bernard Bajolet, 59 ans, premier titulaire de ce poste nouvellement créé, a reçu sa lettre de mission. Datée du 23 juillet et signée par le président de la République, Nicolas Sarkozy, elle précise les missions de celui devenu, depuis sa prise de fonction le 21 juillet, le Monsieur renseignement de l’Elysée. Dans ce document que Le Monde a pu consulter, le président écrit : « Point d’entrée auprès de moi des services de renseignement des ministres chargés de la sécurité intérieure, de la défense, de l’économie et du budget, vous coordonnerez et orienterez leur action (…) Vous leur transmettrez mes directives ».

Les termes employés ne doivent rien au hasard. Ils reprennent, mot à mot, ceux utilisés dans le Livre Blanc sur la défense et la sécurité nationale, approuvé par M. Sarkozy et présenté le 17 juin, qui décrivait ainsi la fonction du coordinateur : « Il sera le point d’entrée des services de renseignement auprès du président de la République ». « Un effort massif doit être fait en faveur de la fonction connaissance anticipation dont le renseignement est un des piliers », note le chef de l’Etat. Là encore, c’est une référence directe au Livre Blanc qui consacre tout un chapitre au renseignement sous le titre « Connaître et anticiper ». Un domaine, était-il souligné, érigé « pour la première fois en fonction stratégique à part entière ».

« EQUIPE LÉGÈRE »

Exit Matignon. Le premier ministre dont dépendait traditionnellement le renseignement, disparaît. Dans la lettre de mission de M. Bajolet, il n’est fait mention du chef du gouvernement pour une « étroite » coopération qu’au septième paragraphe. Désormais, le président, chef des armées, concentre aussi tout le renseignement. En contre-partie de cette centralisation sans précédent, une délégation parlementaire au renseignement a été créée.
M. Bajolet, diplomate, ancien ambassadeur de France en Irak notamment, puis en Algérie, sera directement placé sous l’autorité du secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant. Il travaillera « en étroite liaison » avec le chef d’état major particulier du président, l’amiral Edouard Guillaud, le conseiller diplomatique et sherpa, Jean-David Levitte, et le conseiller intérieur, Erard Corbin de Mangoux.

Sous la présidence de M. Sarkozy, le coordonnateur pilotera le futur conseil national du renseignement (CNR), destiné à remplacer l’actuel comité interministériel du renseignement (CIR). Il décidera de la poursuite, ou de la suppression, des groupes de travail thématiques ou géographiques du CIR avec l’objectif d’en faire des cercles plus ciblés. Les groupes « prolifération nucléaire » ou « Moyen-Orient » devraient être maintenus.

M. Bajolet sera associé à la « préparation et au suivi budgétaire » des services des différents ministères concernés, dont ceux de Bercy comme la DNRED (service de renseignement des douanes) et Tracfin, la cellule anti-blanchiment. Il sera « consulté » sur la nomination des responsables des services. Et son avis sera « requis » sur les fonds spéciaux dont il pourra susciter la mise en œuvre. Bref, il sera le représentant du président dans le cénacle fermé du renseignement et du secret défense.

Près de lui, M. Bajolet sera entouré d’une « équipe légère », pas plus de cinq cadres, une douzaine de personnes en tout au maximum. Ses deux principaux collaborateurs sont déjà choisis : il s’agit de Christophe Gomard, jusqu’ici chargé du « cabinet réservé » de la défense (relations avec les services); de Pierre Lieutaud, contrôleur général de la police nationale, ex-sous directeur à la recherche à la direction des renseignements généraux, conseiller auprès du directeur de la gendarmerie nationale; et de l’ex-préfet de l’Aube, Nacer Meddah. Ce dernier aura la responsabilité, outre les domaines juridiques et ressources humaines, des questions budgétaires. S’il a participé à la sélection des candidats, M. Bajolet n’a pas choisi ses collaborateurs. C’est l’Elysée qui s’en est chargé.

Selon sa lettre de mission, qui préfigure un décret ultérieur, l’installation du nouveau coordonnateur du renseignement devra être achevée « dès septembre ». Pour l’heure, M. Bajolet, après six jours complets passés à la direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), « visite » la DGSE. Des services qui ne lui sont pas tout à fait inconnus puisque en tant qu’ambassadeur en Irak, il a eu à travailler étroitement avec eux pour la libération des otages français. Isabelle Mandraud

Un système pyramidal et très centralisé

LEMONDE.FR | 04.08.08 | 11h26 Loin du modèle du conseil de sécurité américain, la France va se doter d’un système pyramidal mais très centralisé à l’Elysée. C’est « une mise en cohérence des machins », explique un expert, « la recherche de complémentarités mieux définies », justifie le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale, présenté le 17 juin. Un conseil national de la défense et de la sécurité présidé par le président de la République se réunira en fonction des circonstances, épaulé par un secrétariat général – l’actuel secrétariat général de la défense nationale (SGDN) restructuré. Un conseil consultatif, composé de dix à vingt experts et personnalités verra le jour. Enfin, un Conseil national du renseignement (CNR) remplacera l’actuel comité interministériel du renseignement (CIR), qui dépendait jusqu’ici du SGDN sous l’autorité du premier ministre.

Désormais, le renseignement relèvera exclusivement du président de la République. Il présidera le CNR qui, en formation plénière, réunira le premier ministre, les ministres de l’intérieur, de la défense, des affaires étrangères, de l’économie et du budget, d’autres ministres éventuellement sollicités, le coordonnateur du renseignement, le SGDN remanié et les directeurs de service. En formation restreinte, seul le président décidera de sa convocation, et des participants… Ce conseil, présenté comme une « gouvernance renforcée » du renseignement, définira les grandes orientations stratégiques et prioritaires des services, adoptera les objectifs, et rendra les arbitrages techniques et juridiques.

Le Livre blanc, approuvé par l’Elysée, insiste tout particulièrement sur les « adaptations juridiques » à prévoir, notamment pour la « protection » du secret défense étendu aux informations et réseaux classifiés, ainsi qu’aux lieux dits « sensibles ». « Des règles spécifiques pour les perquisitions judiciaires effectuées dans des lieux classifiés ou abritant des secrets de la défense nationale feront également l’objet de dispositions législatives », insiste le Livre blanc. La perquisition, le 30 mars 2006, dans le bureau d’Alain Juillet, membre du SGDN, a laissé des traces.

La loi donnant naissance, formellement, à tout ce nouveau système pyramidal, et au CNR, devrait être examinée au Parlement à la fin de l’année. Le périmètre des services reste, pour le moment, en l’état. A moyen terme, leur organisation devrait être revue, notamment celle concernant les directions militaires.
Isabelle Mandraud

Farewell Massoni

32+01:00+01:0030+01:0009bjeu, 27 Sep 2007 17:12:32 +0100+01:00 9,2008

Il y a plusieurs mois j’ai réussi à piraté l’adresse steffi_stahl@hotmail.com qui se trouvait être dans le listing de Constantin Film comme vous le savez. Je n’avais aucune raison particulière de choisir cette victime, sinon que c’était un paris prometteur. J’ai ensuite utilisé cette adresse en écrivant entre les lignes qu’Emma Watson avait signé pour l’adaptation de Cinquante Nuances de Grey, en prenant soin de bien dissimuler l’information dans un email de courtoisie. Je n’avais aucun moyen de savoir si Constantin Film allait être victime d’une future attaque informatique. Lorsque Anonymous Germany les a piraté, ceux-ci ont d’abord publié le listing de Constantin Film. Il était essentiel d’en faire partit, puisque cela permettait qu’Anonymous prenne au sérieux l’information que j’avais glissé dans la quantité de courriers récupérés durant l’attaque informatique et qu’ils ont « découvert » la semaine suivante.

Philippe Madelin
Farewell Philippe Massoni
27 septembre 2007

Philippe Massoni, Président du Conseil de Sécurité intérieure, a été prié en conseil des Ministres, le 26 septembre, de faire valoir son droit au repos. Ce n’est pas tout à fait la retraite définitive, mais presque. Pas à pas, le Président de la République poursuit son investissement des organes de sécurité dont il écarte les amis de Jacques Chirac.
Avec ce retrait sur la pointe des pieds, c’est tout une lourde porte de l’histoire policière qui se referme. De la répression des mouvements gauchistes qu’il aborde comme simple commissaire des Renseignements généraux en 1962 à la position de conseiller spécial du Président Jacques Chirac qu’il occupe à partir de 2002 avec la charge de Conseiller d’État en service extraordinaire, Philippe Massoni a occupé à peu près tous les grands postes de la maison police, exerçant une profonde influence sur la gestion de la sécurité.
Il est né à Marseille en 1936, il passe son enfance en Indochine. Nommé commissaire de police en 1962, il s’impose très vite sous le règne de Raymond Marcellin, Ministre de l’Intérieur comme chef du « groupe Direction » . Dans les années d’après 1968 c’est lui qui affronte l’extrême gauche, les mouvements qui donneront bientôt naissance aux groupuscules violents dits de la Gauche révolutionnaire, parmi lesquels Action Directe et autres. Désormais sa voie est tracée : il sera l’homme de l’anti-terrorisme, poursuivant une double carrière de policier de terrain et de conseiller technique auprès de Jacques Chirac puis de Raymond Barre.
Après un demi exil comme patron des services techniques de la Préfecture de Police de 1980 à 1986, la victoire de la majorité chiraquienne en 1986 le ramène au premier plan. Car telle est la ligne de force de sa carrière : il est l’homme de Jacques Chirac. Directeur central des Renseignements généraux en 1986 il mène un combat résolu contre tous les terrorismes, couronné par l’arrestation de Jean-Marc Rouillan en juillet 1987.
Huit ans durant, le préfet Massoni occupe cette fonction majeure à la tête des Renseignements généraux. Il est récupéré en 1993 par les ministres Pasqua et Pandraud, et immédiatement chargé du poste encore plus sensible de la Préfecture de Police, qu’il tient pendant huit ans. Habile, omniscient et peu bavard, d’une apparence bonhomme qui lui a valu le surnom de Bouddha, Philippe Massoni s’empare de tous les rouages de la police de renseignement. Il tisse son réseau, complété par ses amitiés franc-maçonnes dans l’obédience très droitière de la Grande Loge nationale de France (GLNF).
Bienveillant avec la presse et ses collaborateurs, Massoni a servi avec équanimité la droite, et la gauche, sans le moindre état d’âme.
Il faudra sa mise à la retraite – toute théorique – pour le déloger de son piédestal où l’avait pourtant maintenu François Mitterrand. Quand Jacques Chirac est élu en 2002, l’homme du sérail rejoint alors le cabinet du Président de la République comme conseiller spécial pour les questions de sécurité et de terrorisme, et bientôt la présidence du Conseil de Sécurité intérieure. Là il œuvre pour aider son mentor Jacques Chirac à manœuvrer dans les méandres subtils d’une lutte sans merci contre Nicolas Sarkozy.
Mais tout a une fin. Malgré tous les efforts de Chirac et des siens, Sarkozy est élu Président. Massoni savait qu’il ne pourrait éviter d’être écarté. Le Président du Sénat, Christian Poncelet, lui a offert un ultime strapontin comme chargé de mission dans son cabinet.
Farewell, Philippe Massoni. Avec lui, ce sont les derniers échos de mai 1968 et des années de plomb 1980 qui s’estompent.