Il y a plusieurs mois j’ai réussi à piraté l’adresse steffi_stahl@hotmail.com qui se trouvait être dans le listing de Constantin Film comme vous le savez. Je n’avais aucune raison particulière de choisir cette victime, sinon que c’était un paris prometteur. J’ai ensuite utilisé cette adresse en écrivant entre les lignes qu’Emma Watson avait signé pour l’adaptation de Cinquante Nuances de Grey, en prenant soin de bien dissimuler l’information dans un email de courtoisie. Je n’avais aucun moyen de savoir si Constantin Film allait être victime d’une future attaque informatique. Lorsque Anonymous Germany les a piraté, ceux-ci ont d’abord publié le listing de Constantin Film. Il était essentiel d’en faire partit, puisque cela permettait qu’Anonymous prenne au sérieux l’information que j’avais glissé dans la quantité de courriers récupérés durant l’attaque informatique et qu’ils ont « découvert » la semaine suivante.
Je vous rebascule la lettre d’une prof d’université en Israël, communiquée par un de mes amis. Son propos est une pièce importante dans le dossier du conflit à Gaza :
Je voudrais vous faire part de mon regard sur le conflit actuel, soit pour
vous informer, soit pour vous permettre de dire à vos propres amis et
connaissances ce qu'une Israélienne éprouve en cette période si cruelle.
Je fais partie des Israéliens qui croient que la seule solution au conflit
dans la région réside dans une négociation politique courageuse avec des
concessions douloureuses des deux parties. J'appelle de mes voeux la
création d'un Etat palestinien qui accepterait l'existence de l'Etat
d'Israël à ses côtés. Cela permettrait au peuple palestinien de vivre dans
la dignité et l'indépendance. Je n'ai aucune confiance dans une action
militaire (qui ne peut avoir que des résultats partiels avec des effets
parallèles catastrophiques). Je suis fermement opposée à toute punition
collective. Je crois que le peuple juif possède une tradition éthique qui
exige de lui un comportement moral particulièrement exigeant.
Cela dit, je vis ici et m'informe au quotidien et je sais bien que nous
avions atteint un point de non retour et qu'il fallait que l'armée entre en
action : face aux tirs permanents de missiles sur des villes et villages,
avec des portées sans cesse croissantes (aujourd'hui un rayon de 40 kms), de
plus en plus d'Israéliens avaient perdu confiance dans leur Etat et disaient
à voix haute que nos dirigeants les avaient abandonnés à leur triste sort.
Le sud d'Israël se sentait sacrifié pour que le centre et le sud puissent
prospérer et vivre normalement. Depuis huit ans, les jardins d'enfants, les
écoles et les institutions d'enseignement supérieur du sud du pays ne
peuvent plus étudier normalement, les affaires tournent au ralenti ou
ferment, les récoltes pourrissent sur pied faute de pouvoir être traitées de
manière régulière. Quand elles en ont la possibilité, des familles entières
quittent le pays pour ne plus vivre dans l'angoisse quotidienne de devoir
fonctionner entre deux alertes. Mais les prix des appartements ont tellement
chuté que les habitants les plus pauvres ne peuvent trouver acheteur ou
locataire pour choisir de vivre ailleurs, là où ils seraient plus à l'abri.
Les traumatismes sont profonds et irréversibles (énurésie, cauchemars, états
de choc devenus permanents). Les abris d'il y a dix ans (déjà en nombre
insuffisant) ne sont pas adaptés aux perfectionnements technologiques des
missiles "Grad". Circuler dans la rue (trottoir et chaussée) est devenu un
risque que beaucoup ne peuvent pas courir et handicapés, personnes âgées
restent murés chez eux à proximité d'un abri ou d'une chambre protégée s'ils
en ont une. Ce sont des bénévoles venus de tout le pays qui se mobilisent
pour faire leurs courses et s'occuper d'eux, entre deux alertes, ou pour
offrir une animation aux enfants et adolescents terrés des jours durant dans
les abris.
Et pourtant, il est difficile de faire comprendre cette situation aux
téléspectateurs de l'étranger, face aux terribles images qui viennent de
Gaza. On leur dit que les Israéliens sont "soudain" devenus fous et se
livrent à un massacre programmé de la population. On ose parler de Shoa ! On
parle de réaction "disproportionnée".
Lorsque du côté israélien des missiles détruisent tout (maisons, voitures,
animaux dans les fermes, routes, jardins d'enfants) mais qu'il n'y a pas de
"victimes" parce qu'une grande partie des habitants vivent une partie du
temps (et depuis des années) dans leurs familles ou chez des amis plus au
nord d'Israël, ou parce qu'ils n'étaient pas momentanément sur place, que
les conducteurs d'autobus et de taxis ont accéléré en début d'alerte et
poussé leurs passagers vers le premier abri, leur véhicule explosant ou les
vitres et les portes volant en éclat quelques secondes à peine après la
chute du missile... peut-on mesurer la peur, la cruauté, la souffrance des
uns et des autres ?
Qui peut nous donner des leçons sur la meilleure manière de défendre une
population civile contre un ennemi qui considère que notre seule existence
en tant qu'Etat juif est une "occupation", une infraction aux lois de
l'Islam qui veut qu'un territoire ayant appartenu aux musulmans ("Dar el
islam") ne puisse plus être souillé par un régime non musulman : le 'hamas
ne peut se contenter de rien moins que de la disparition de l'Etat d'Israël
(sa charte est claire à ce sujet, ainsi que les déclarations de ses
dirigeants). Que nous ayons évacué militairement la bande de Gaza ainsi que
les localités juives de la région (avec leurs habitants )depuis des années
n'a servi à rien. Toute aide humanitaire d'Israël aux populations civiles de
Gaza n'est pas rapportée. La confiscation des fonds internationaux destinée
à la population au profit de la classe dirigeante du 'hamas est passée sous
silence. Les bénéfices rapportés par les tunnels de contrebande creusés
depuis plus d'une dizaine d'années (et non depuis le début du siège
israélien en septembre l'année dernière) rapportent des millions aux trafiquants d'armes
et de biens...
Israël est un pays tenu par le droit international et par son éthique à
respecter les règles de la guerre : ses soldats sont en uniforme et
concentrés dans des bases militaires. A part de terribles erreurs de tir
(dont nos propres soldats sont souvent aussi victimes), l'armée israélienne
met un point d'honneur à distinguer combattants armés et civils.
Le 'hamas est une organisation protéiforme, sans foi ni loi, qui utilise le
terrorisme pour désorganiser la vie quotidienne des civils de la société
dont ils veulent la perte : ses combattants sont en civil et vivent
délibérément mêlés aux civils. Ils n'hésitent pas (nous en avons souvent la
preuve) à utiliser hôpitaux, ambulances, mosquées, écoles pour y entreposer
armes, quartier général, sachant qu'ils placent ainsi Israël devant des
choix impossibles : respecter le droit d'asile ou se défendre en attaquant
des lieux symboliquement marqués.
Je ne suis pas très optimiste pour la suite des combats car j'ai peu
d'illusions sur le sort des armes. Mais je ne suis pas suicidaire et je suis
certaine de notre bon droit. Nous ne pouvions pas rester plus longtemps les
bras croisés face aux attaques quotidiennes de fanatiques prêts à mourir en
martyrs pour que leur vision de l'islam triomphe...S'ils prennent en otage
leur propre population, cela ne doit pas nous empêcher, après tant d'années
de mises en garde, de tenter d'affaiblir leur puissance de tir et leur
conviction qu'ils l'emporteront contre notre Etat réduit à l'impuissance par
des considérations éthiques. Prendre les armes pour se défendre implique
d'être prêts à mourir mais aussi à tuer d'autres êtres humains et à détruire
leur environnement. C'est le prix à payer pour ne pas nous laisser peu à peu
détruire.
Puisse Dieu nous protéger et puisse la communauté internationale comprendre
les enjeux véritables de cette lutte "disproportionnée" parce que la
désinformation présente les agresseurs comme des victimes innocentes et les
agressés (qui ont choisi de se défendre par les armes) comme des
génocidaires.
Demain, je pars enseigner à l'université sans savoir qui de mes étudiants ou
de mes collègues sera mobilisé ou absent parce que la circulation est
impossible.