Il y a plusieurs mois j’ai réussi à piraté l’adresse steffi_stahl@hotmail.com qui se trouvait être dans le listing de Constantin Film comme vous le savez. Je n’avais aucune raison particulière de choisir cette victime, sinon que c’était un paris prometteur. J’ai ensuite utilisé cette adresse en écrivant entre les lignes qu’Emma Watson avait signé pour l’adaptation de Cinquante Nuances de Grey, en prenant soin de bien dissimuler l’information dans un email de courtoisie. Je n’avais aucun moyen de savoir si Constantin Film allait être victime d’une future attaque informatique. Lorsque Anonymous Germany les a piraté, ceux-ci ont d’abord publié le listing de Constantin Film. Il était essentiel d’en faire partit, puisque cela permettait qu’Anonymous prenne au sérieux l’information que j’avais glissé dans la quantité de courriers récupérés durant l’attaque informatique et qu’ils ont « découvert » la semaine suivante.
La crise est un voile qui se déchire, en révélant tout ce qu’on avait refusé de voir jusque là. Ce n’est pas simplement un aphorisme vague, mais une constatation évidente. La crise économique laisse surgir à la surface des préoccupations profondes que l’euphorie de la croissance masquait. Le phénomène capital est la croissance économique. Comme l’observe avec justesse Guy Sorman (dîner débat avec les auditeurs de l’INHES, 25 novembre), nous avons vécu depuis 1991 dans la croyance d’une croissance continue, qu’il estime à 5% du Produit mondial brut pr an. C’est gigantesque, et on s’est installé dans l’illusion que ce rythme de croissance se maintiendrait pendant un temps sans limite. Certes, on comprenait bien que cette progression ne pourrait être continue, qu’elle serait marquée par des pauses, voire des reculs plus ou moins importants. Mais on la considérait comme de toute façon irréversible dans le modèle économique qui a lui a permis de se développer.
Or voici justement que cette crise actuelle apparaît comme beaucoup plus radicale que les autres. Autour des fondations, la terre se disloque, on découvre précisemment que ces fondations sont loin d’être aussi solides qu’on le croyait. Et même qu’elle se révèle d’une grande fragilité.
Pour avancer, il est nécessaire d’établir un premier bilan, qui nous conduira immanquablement à une déconstruction du modèle pour pouvoir imaginer une autre forme de vie sur terre. Le projet est ambitieux, je le sais, mais je pense qu’on ne peut éviter d’affronter cette immense difficulté.
Voici quelques uns des premiers éléments de mon analyse.
Déconstruire-reconstruire
Crise d’un modèle fondamental. Ce modèle est archaïque, il se réfère à une structure mentale antérieure à la première renaissance, au 15° siècle, centrée autour du château du Seigneur, de son carrosse, de son écurie, et d’une production principalement tournée vers la subsistance. Ce modèle s’est transformé en se généralisant, le château est devenu une petite maison individuelle dans une banlieue infinie, le carrosse s’est transformé en une grosse caisse métallique, la bagnole, entraînés par quelques dizaines de chevaux sous un capot-moteur.
Loin de renverser ce schéma, la Révolution de 1789 l’a imposé comme une nécessité, comme un droit pour tous. Depuis le début du 19° siècle la révolution industrielle s’est développée sur ce modèle, d’abord en Europe, puis aux Etats-Unis, puis dans le reste du monde. La liberté, c’est la petite maison et la bagnole.Et tout le système industriel qui permet d’assurer la pérennité de ce système. Urbanisme, architecture, béton, grands travaux routiers, sidérurgie, électronique, industrie automobile tout concourt à amplifier le modèle, puis à l’autojustifier. On ne peut revenir sur ce système sauf à mettre à bas toute l’économie mondiale. Il est au demeurant pour le moins étrange que les pays émergents adoptent ce modèle sans discussion.
Le système communiste, plus exactement le système collectiviste avait tenté d’imposer au autre modèle, fondé sur la gestion de masse et non sur l’individu. Le problème est que ce système ne pouvait que faillir dans la mesure où la massification impliquait l’écrasement de l’individu, la répression généralisée. Ce n’est pas la modèle qui s’est effondré, mais les moyens choisis pour l’atteindre. Car la réponse était d’une certaine façon pertinente : on ne peut aller jusqu’à l’infini dans le modèle rurbanisé de la société, forcément une limite sera atteinte. La crise absolue s’inscrit logiquement dans ce développement.
Il est une autre révolution que l’on ne perçoit pas : la généralisation progressive de la « virtualité », d’un mode de communication fondé sur les rapports virtuels. Le grand révolutionnaire n’a pas été Marx, ni Rockefeller, ni personne, mais Edison. L’immense révolution est issue de l’exploitation des ondes, ondes de toutes sortes, comme support de la communication. Le téléphone, puis la radio, puis la télévision. Internet n’est qu’un avatar de ce système, mais qui le pousse toujours plus loin dans se implications.
Pour se parler, le transport par onde des informations ne nécessite plus une présence physique des deux partenaires, la présence peut ne plus être que virtuelle.