Déficit : quand le Président s’en prend aux autres

C’est son grand truc, au Président Sarkozy : c’est toujours la faute des autres, lui il est blanc comme l’oie qui vient de naître. La conférence chargée de réfléchir aux moyens de réduire les déficits publics de la France n’a pas échappé à ce qui semble une règle d’airain : alors que 79 % du déficit est imputable à l’Etat central, en hausse galopante de 257 milliards d’euros en deux ans ( + 21 %), Mon Président croit pouvoir accuser les collectivités locales d’être responsables de cet envol ! Autrement dit, suivez mon regard : le déficit, ce n’est pas moi avec mes cadeaux fiscaux aux riches, c’est la faute de la gauche qui gère 22 régions sur 24, et de nombreuses collectivités locales, départements, mairies importantes…

Conséquence, la grande majorité des représentants des collectivités locales ont tout simplement refusé de participer à ce qui leur paraît non sans raison comme une opération électorale avant les élections régionales. lutte-contre-les-deficits-l-etat-veut-enroler-les-elus_1297327_3234.html

Avec reuters

Le chef de l’Etat comptait mobiliser pour l’exercice tous les acteurs de la dépense publique – Etat, sécurité sociale et collectivités locales – mais sa quête de consensus s’est heurtée au boycottage des élus de gauche à l’approche des élections régionales de mars.

« Notre premier devoir est de faire un diagnostic partagé pour élaborer ensemble la stratégie de redressement », a-t-il dit dans son discours introductif.

Le président socialiste de la commission des Finances de l’Assemblée nationale, Didier Migaud, était le seul représentant de l’opposition à la conférence organisée à l’Elysée en présence de plusieurs ministres et du chef du gouvernement, François Fillon.

L’Association des régions de France (ARF) et l’Association des départements de France (ADF), toutes deux présidées par des élus PS, ont boycotté les travaux en reprochant au gouvernement de vouloir faire porter aux collectivités locales la responsabilité de la dérive des déficits.

Seule association d’élus représentée, l’Association des maires de France l’était par son président, l’UMP Jacques Pélissard. Il avait indiqué par avance qu’il soulignerait que les communes ne sont pas responsables du déficit et ne peuvent pas « continuer à subir les décisions nationales en matière de normes ».

CONTRAT SOCIAL MENACÉ

Accusées d’augmenter les effectifs de leurs fonctionnaires au moment où l’Etat s’efforce de réduire les siens, les collectivités locales ont représenté en 2008 un peu plus de 20% des 1.027 milliards d’euros de dépenses publiques de la France, dont elles ont été le troisième poste derrière les régimes sociaux (45%) et l’Etat (28%).

Dans son intervention, Nicolas Sarkozy s’est contenté d’un constat global en soulignant que la France était entrée dans la crise « avec un déficit public hérité de trente ans de croissance constante de la dépense publique ».

Avec cette crise, l’écart entre dépenses et recettes s’est accru de 80 à 100 milliards d’euros et, même avec le retour de la croissance, « une partie de cet écart perdurera si nous n’agissons pas », a-t-il dit.

« Nous dépensons trop et nous dépensons mal », a-t-il encore déclaré, en soulignant une nouvelle fois que, représentant le niveau record de 55% du produit intérieur brut en 2009, le niveau des dépenses publiques de la France était le plus élevé de la zone euro.

Toujours pour le chef de l’Etat, qui a répété son opposition à toute hausse d’impôt, l’enjeu de la réduction des dépenses publiques va bien au-delà des engagements européens de la France, qui doit ramener ses déficits publics sous 3% du PIB à l’horizon 2013 alors qu’ils devraient culminer à 8,2% en 2010.

« Financer nos dépenses courantes par l’emprunt n’est pas raisonnable, handicape notre avenir au lieu de le préparer et menace notre contrat social », a-t-il indiqué.

Le ministre du Budget, Eric Woerth, a estimé que la croissance économique devrait contribuer pour moitié aux 100 milliards d’euros nécessaires pour ramener les déficits sous 3% du PIB, ce qui signifie que le reste de l’effort devra être réalisé en agissant sur les dépenses.

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